KEEP DANCING INC,“ENGLISH TOUCH”

Publié le 22/04/2020

Vous ne les connaissez peut-être pas et pourtant Keep Dancing Inc (KDI) est sûrement le groupe français le plus excitant du moment ! En seulement deux EP, le jeune trio parisien a su poser les bases d’une pop énergique et sophistiquée, piochant avec érudition dans la musique du passé pour ré-inventer celle du présent. Encensés par les Inrocks et anobli par le roi Daho qui voit en eux de dignes successeurs, KDI sortira son premier album Embrace à la rentrée prochaine et à l’écoute des “tubesques” Could U Stop et Start-up Nation, quelque chose nous dit que l’on tient là la bande-son de votre été 2020. Rencontre avec des petits génies du Dance floor !

Ils ont 20 ans, ils habitent Paris et ils ont décidé de vous faire danser ! Pour cela Gaby, Louis et Joseph puisent leur inspiration dans le rock et la pop anglaise des années 80 dont ils semblent avoir décodé la formule : “A force d’écouter tous ces artistes depuis si longtemps, ça a fini par rentrer !”. Sans forcément chercher à copier le son de la décennie qui a vu naître la new-wave et le post-punk, KDI partage tout de même avec des groupes comme The Human League, New Order ou Tears for Fears une même obsession des synthétiseurs et de l’expérimentation sonore au service de l’efficacité pop  : Je crois que dans le fond on essaye de faire la même chose que ces groupes : de la pop décomplexée avec beaucoup de synthés ».

A l’instar de leurs aînés, KDI envisage la pop avant tout comme une posture artistique plus qu’un style ou format commercial : “Pour nous, la pop est plus une manière de faire de la musique ou une philosophie musicale. C’est essayer de s’approcher le plus possible d’une certaine perfection. Mais on a pas non plus l’impression qu’on fait de la pop pour toucher un plus grand nombre de gens, je crois juste qu’on aime trop les beaux sons, les belles suites d’accord et les mélodies pour ne pas en mettre dans nos morceaux”. La pop comme un projet esthétique donc, qui mêlerait la musique qu’ils affectionnent, du rock au disco en passant par l’électro et la ballade et qui fait la part belle au langage universel du corps et des émotions, du plaisir de l’instant et de la pulsion de vie.

Le trio composé de : Joseph au clavier (à gauche), Louis au chant et à la guitare (à droite) et Gabrielle à la batterie (en bas à droite).

Le trio composé de : Joseph au clavier (à gauche), Louis au chant et à la guitare (à droite) et Gabrielle à la batterie (en bas à droite).

Je pense qu’on essaye vraiment de se détacher consciemment des 80’s mais qu’on finit toujours par y revenir ! Mais ça ne veut pas dire qu’on préfère cette décennie à d’autres.
— Joseph

On aurait tort de cantonner le groupe à un style ou une époque tant les évolutions technologiques récentes ont permit la naissance d’artistes d’un genre nouveau. Bénéficiant de la démocratisation d’internet et des logiciels de MAO, KDI a pu piocher à moindres frais dans un réservoir illimité d’artistes et de sonorités dont ils ont su extraire la sève pour modeler leur propre univers : “La résurgence des années 80 correspond à un cycle naturel des changements de tendances à l’œuvre. Aujourd’hui c’est les 80’s mais demain les 90’s, etc… Notre époque est d’ailleurs la plus excitante de ce point de vue, car on a en permanence accès à toute cette culture et on peut piocher un peu partout pour créer quelque chose de nouveau”.

Loin de céder au tout électronique , KDI modélise un style hybride et revendique une approche volontairement « physique » de la musique. Issus de formations rock, les membres du groupe semblent attachés à l’alchimie du live et aux imperfections des instruments analogiques : “On n’utilise pas d’instruments virtuels parce qu’on adore le contact physique avec l’instrument (analogique) et les limitations qu’il impose. Inconsciemment, je pense que notre but est de réussir à créer des sons vivants et chaleureux avec ces machines électroniques”. Depuis l’arrivée de Gaby à la batterie, KDI a même laissé définitivement de côté les boites à rythme pour un groove humanisé et des performances live encore plus dynamiques : “Avec Gaby, on peut composer des morceaux à l’ancienne, comme un vrai groupe ‘live’ sans avoir à passer par un ordi ou de la programmation”.

Notre but est de réussir à créer des sons vivants et chaleureux avec les machines électroniques
— Louis

Après deux EP prometteurs (Initial Public Offering en 2017; Restructuration en 2018) chargés de titres imparables (écouter d’urgence How should we feel; Fix me now; Rhum and Ginger Magic) et de multiples dates dans toute l’Europe qui leur ont permis d’aiguiser leur performance live, KDI débarquera cette année avec un premier album mûrement conçu : “Pour la première fois, on a segmenté notre travail en deux temps : un temps dédié à la composition et un autre dédié à la production et l’enregistrement définitif en studio”. Isolé dans la campagne française pendant un mois pour parfaire ses compositions, le groupe a ensuite filé au Royaume-Uni pour un enregistrement dans les studios du très prisé Tom Carmichael, producteur entre autres pour H.E.R, Kendrick Lamar ou encore Metronomy.

Le succès tant mérité sera-t-il pour cette année ? : “Notre premier objectif à atteindre c’est de pouvoir vivre tous les trois de notre musique. Après ça, on espère avoir le plus longtemps possible les moyens de faire vivre le projet, sortir des disques, les promouvoir en tournant à travers le monde et toucher un maximum de gens avec notre musique. Plutôt classique !”. C’est le moins que l’on souhaite à KDI dont la pop lumineuse, romantique et dansante possède assurément tous les atouts pour fédérer un large public. Réponse à la rentrée prochaine donc. D’ici là, quoi de mieux que le groove irrésistible de Start up Nation pour patienter en musique !

Propos recueillis par Clément Levassort.

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