BATMAN VS SUPERMAN,POURQUOI TANT DE HAINE ?

Un film de Zack Snyder (Version Cinéma: 2H33/ Ultimate Edition: 3h03)

Publié le 23 mai 2019.

Batman versus Superman : Dawn of Justice est en passe de devenir un film culte. Délaissé par la critique et haï par une partie de la communauté geek lors de sa sortie en salle en 2016, le film de Zack Snyder a depuis généré une communauté d'ardents défenseurs. Des débats passionnés continuent de prospérer sur la toile trois ans après sa sortie ! Un phénomène rare à l'heure de la culture jetable. Et si BVS était tout simplement un œuvre majeure de la pop culture récente. Retour sur un film maudit.

Descente en flammes

A sa sortie en mars 2016, BVS a subi un bashing d'une violence inédite. Une haine disproportionnée qui trouve son origine en partie au sein des communautés de fans hard-core de comics et de pop culture, désormais omniprésentes sur les réseaux sociaux. Qu'on soit partisan de Marvel ou de DC, il fut de bon ton de tirer à boulets rouges sur le film de Znyder et de l'accuser de tous les maux. Batman y est jugé trop violent, Superman peu flamboyant, certains trouveront le film trop long, trop sombre, ou mal écrit. Bientôt, il n'est même plus question de donner des arguments valables. BVS est nul, un point c'est tout ! Penser le contraire, c'est prendre le risque d'être la risée du net. La presse spécialisée suivra le mouvement, prouvant par la même occasion sa démagogie et son manque de clairvoyance. La sortie de BVS a été ce moment révélateur de l'influence grandissante des réseaux sociaux dans la réception critique et publique des films. Une minorité est parvenue à imposer son point de vue à la majorité imitant, par leur fureur et leur acharnement, les postures irrationnelles des fanatiques religieux. Pas de doute, la pop culture est devenu un objet de culte. En France quelques you-tubeurs comme le fossoyeur de films tenteront de pondérer la vindicte collective avec des jugements plus objectifs (voir vidéo en bas de page) mais personne ne sera assez fou pour affirmer que BVS est une réussite, et encore moins un futur classique en devenir !


Une mission impossible/un marketing hasardeux

Les internautes et la presse ne furent pas les seuls à blâmer. DC et la Warner ont une grande part de responsabilité dans ce fiasco. A commencer par un cahier des charges impossibles à tenir. Soucieux et jaloux du succès de Marvel, qui sort la même année son mash up Civil Wars, Warner succombe à la mode des univers étendus et demande à Snyder et à ses scénaristes d’intégrer dans son film tous les ingrédients nécessaires à la mise en place du DC Extended Universe. BVS, qui était à la base une suite de Man of Steel, devient alors également un reboot de Batman, un présentation de Wonder Woman et même une introduction aux personnages de Justice League ! Difficile, dans ces conditions, de parvenir à un narration claire, et pourtant le film réalise l’exploit de tenir debout.

Mais les erreurs du studio ne s’arrêtent pas là. La campagne de promotion du film sera des plus déroutantes, digne d'un combat de boxe légendaire plutôt que d'un film de cinéma. C'est oublier que le film s'appelle Batman versus Superman : Dawn of Justice. Le titre est à lire comme une formule mathématique qui résume à elle seule son contenu : B+S=J. La justice (comprendre la Justice League) naîtra de l'affrontement entre les deux héros. Le climax du film ne sera donc pas le combat de Batman et de Superman, mais bien leur alliance dans le but d'affronter une menace plus grande (ici Doomsday). On comprend mieux pourquoi la séquence de réunification des deux héros (le fameux moment « Martha ») à fait couler beaucoup d'encre. Les spectateurs ont fantasmé ce choc des titans pendant des semaines. Or ce duel, dont les bandes-annonces étaient remplies, n'occupe en réalité qu'une toute petite partie du film. L’effet de révélation, brusque mais plausible, se révèle alors frustrant pour un public qui s’attendait à profiter davantage du climax épique tant annoncé.

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Un film tronqué

Mais la plus grosse erreur du studio aura été de tronquer le film de 30 min afin de le faire rentrer dans les cases horaires des réseaux de distributions et ainsi maximiser les profits. Résultat : Le récit d’investigation déjà complexe de BVS devient difficilement compréhensible dans sa version de 2H30. Il y manque des éléments clés qui dévoilent le plan élaboré de Lex Luthor pour piéger Superman, l'enquête de Lois Lane au sujet du massacre de civils commis au début du film, mais aussi celle de Clark Kent qui découvre à Gotham les méfaits d'un Batman devenu vengeur sans pitié. Une preuve supplémentaire d’un manque de confiance évident des studios envers son produit. Heureusement, la sortie de l'Ultimate Cut de BVS quelques mois après sa sortie en salle sera un premiers pas vers sa réhabilitation. Une partie de la presse fera même son mea culpa et finira par prendre la défense de Snyder face à la Warner quand elle prendra conscience des décisions lamentables qui furent prises par le studio. Cela n’empêchera pas la dite Warner de virer le réalisateur quelques mois plus tard sur le tournage de Justice League en profitant du décès de sa fille. Honteux...


Snyder l’incompris

Qu'en est il du film lui même ? Et bien BVS est un OVNI cinématographique (et non sans défauts) mais radical dans sa forme comme dans son propos. A des années lumières du Marvel et de ses feel good movies calibrés pour plaire, Snyder a puisé son inspiration dans les œuvres nihilistes de Alan Moore (Watchmen) et de Franck Miller (The Dark Knight Returns) afin de secouer l'image héroïque du super-héros. Batman y est rongé par la colère et Superman par le doute. Les idéaux que la société, ou qu'eux mêmes s'imposent, les broient. BVS tire un portrait sans concession d'un civilisation occidentale aux abois. l'Etat est corrompu par les multinationales, la justice est impuissante, la presse muselée. L'arrivée de Superman, bien loin de raviver les espoirs, a semé la méfiance et la division. La peur de l'étranger se mêle à celle de la punition divine au point que Batman voit dans cet extra-terrestre venu d'ailleurs la pire menace de l'humanité et ne se rend pas compte que l'ennemi vient de l’intérieur. Une atmosphère lugubre donc, et qui a sans doute tant déplu à un public biberonné depuis le début de la décennie aux Blockbusters inconséquents. Plutôt que nous offrir une évasion de notre actualité anxiogène, Snyder nous la renvoie au visage par le biais du film de super-héros. On ne le lui pardonnera pas.

Znyder a accouché d’un Blockbuster d’auteur, une denrée rare à Hollywood aujourd’hui.
— The Look of Pop

Sans sacrifier à son style expressionniste unique et à ses déchainements de forces brutes, Snyder parvient pourtant à rendre crédible l'existence de ces super-héros au sein de notre monde et en propose une vision adulte aux multiples degrés de lecture. Chaque nouveau visionnage est une redécouverte et atteste de la passion sans borne d'un réalisateur pour un univers et des personnages qu'il admire et comprend, et qu'il a su rendre accessibles sans rien enlever de leur aura mythologique et quasi spirituelle. Trop long, trop sombre, incompréhensible. Les défauts que l'on a reproché à BVS sont en fait ses qualités, pour qui sait les reconnaître. Loin de se conformer aux formats de l'industrie hollywoodienne, Znyder a accouché d'un Blockbuster d'auteur, une fresque hors norme qui n'est pas faite pour plaire à tout le monde certes, mais qui a su trouver avec le temps son public et ses adorateurs. La marque des films cultes on vous dit !

Clément El Vassort.

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