ALITA BATTLE ANGEL,UN FILM DE JAMES CAMERON ?
Un film de Robert Rodriguez (02H04 min)
Publié le 17/04/2019
Une femme guerrière, un futur dystopique, une technologie qui brouille les frontières entre le corps et l'esprit...Robert Rodriguez a beau être à la réalisation, Alita : Battle Angel rassemble toutes les obsessions de son producteur et scénariste James Cameron. L'empreinte du cinéaste sur cette adaptation longtemps repoussée du célèbre manga Gunnm est d'ailleurs si immense qu’une question se pose alors : Alita Battle Angel n'est-il pas tout simplement un film de James Cameron ?
Car à l'instar de presque toutes les œuvres du cinéaste, la technologie est une fois encore l'outils et le sujet du film. La question du réalisme anthropomorphique de la performance capture devient caduque dès les premières minutes lorsque nous découvrons Alita se réveillant dans son corps cyborg et s'inspectant dans le miroir. Dans cette belle séquence (qui rappelle en tout point Avatar), l’héroïne partage notre curiosité pour cette anormalité troublante. Qui est-elle ? De quoi est-elle faite ? Les questions du personnage sont celles du spectateur qui, fasciné par ce tour de force technologique d'où jaillit une profonde humanité, se retrouve immédiatement impliqué dans cette quête identitaire qui constituera la trame du film.
La direction artistique répond également aux exigences de Cameron qui a pour habitude de prendre le terme science- fiction au pied de la lettre. En combinant effets numériques et pratiques, elle sert au maximum une vision utilitaire d'un futur où les inégalités sociales sont plus que jamais territorialement définies et où le transhumanisme est devenu la norme. Si la fidélité au manga et le réalisation stylisée de Rodriguez apporte quelques fantaisies visuelles bienvenues, l'ensemble réponds malgré tout à l'obsession de Cameron pour la vraisemblance de ses univers fictifs, condition sine qua non de la croyance du spectateur. L'excellente réalisation 3D de Rodriguez (son meilleur film de puis Sin City) finit de nous immerger physiquement dans ce monde de chair et de métal.
Mais c'est finalement bien au plus au niveau de sa dramaturgie que le film porte la marque du roi du box office. Avec sa mécanique narrative “old school”, Alita Battle Angel possède une respiration unique qui alterne avec aisance les modes de l'action et du mélodrame. C'est l'un des secrets de fabrication du cinéaste depuis Terminator : mettre l'humain au centre des enjeux. Une base dramatique indispensable à tout blockbuster ambitieux, sans quoi les péripéties pyrotechniques ne sont que du vent. Si les séquences d'action sont d'une rare intensité et procure un plaisir certain, c'est parce qu'elle raconte la découverte d'un corps aux possibilités fabuleuses que l’héroïne découvre en même temps que le spectateur. De même, son apprentissage de l'amour, de la violence ou encore du deuil seront traités avec tout la gravité gravité nécessaire à notre implication émotionnelle. Il s'agit là de toucher au sens, mais surtout au cœur.
Verdict : A contre courant du blockbuster moderne, Alita Battle Angel fait donc le pari du premier degré et transforme l'essai avec l'aide d'un Robert Rodriguez inspiré et du savoir faire inouï de James Cameron en matière de production et de dramaturgie. Pourtant, au vue d'une campagne marketing timide et d'un goût avéré du public actuel pour des spectacles plus légers, peu de chance que le film reproduise les cartons au box office que furent Avatar ou Titanic. Dommage, car Alita Battle Angel est un blockbuster miraculeux, une merveille technologique au service de l'émotion et de l'évasion. Cameron joue tout simplement dans une autre catégorie. Mais qui encore pour le suivre à l'heure où la suite des aventures de Jake Sully se fait toujours attendre ?
Clément El Vassort